16.06.2016 - Conférence

Se mobiliser pour le service public

Le 15 juin, 60 membres de la SRT Jura ont assisté à la conférence de Roger de Weck, au Forum Saint-Georges à Delémont.

Quel avenir pour le Service public? «Numérisation, finances, politique: les trois défis de la SSR», tel a été le triple thème traité par le Directeur général de la SSR.

S’agissant de la numérisation, l’orateur a mis le doigt sur la foudroyante emprise de l’Internet en matière de production et de diffusion, captatrice d’une audience «jeune» en progrès exponentiel. D’où la nécessité de concevoir, proposer et étendre une offre de plus en plus attrayante. Dans ce contexte, la production sur l’Internet d’émissions, films et autres documentaires qui reflètent la diversité culturelle de la Suisse ne peut être assurée que par la SSR

Le défi financier n’est pas le moindre à relever. Rentrées publicitaires en diminution, fin de la TVA sur la redevance (-35 millions), le budget de la SSR est gravement menacé (- 40 millions prévus), et des économies drastiques sont exigées. Et puis, il y a l’iniative «No Billag», que Roger de Weck affuble de son vrai nom: elle devrait s’appeler «No SSR», puisqu’elle revient à supprimer tout financement public de la radio et de la télévision. Son acceptation, c’est le règne absolu de la publicité sauvage, avec les effets que l’on sait sur la qualité des programmes. L’initiative balaie le fédéralisme en annihilant la solidarité confédérale. Roger de Weck martèle son constat comme un slogan: la Confédération du «je ne paie que pour ce que j’utilise» est à l’opposé de l’idée suisse.

Le troisième défi est précisément de sauvegarder cette «idée» suisse qui fait l’originalité et la force du pays. Très attachés au fédéralisme et à la souveraineté cantonale, les Jurassiens, comme tous les Romands, s’inquiètent à juste titre d’une atteinte mortelle aux valeurs de la cohésion nationale. Roger de Weck est sévère avec ceux qui, privilégiant des intérêts sectoriels, fanatiques d’un ultralibéralisme débridé, nullement complexés d’être parties prenantes de conflits d’intérêts flagrants, œuvrent à la destruction du service public. Nous partageons totalement son analyse, objective, car, si l’on y prend garde, les hordes avides de démantèlement de l’idée confédérale parviendront à leurs fins, avec les conséquences désastreuses que l’on devine pour le respect des minorités linguistiques de la Suisse. Est-ce cela que l’on veut? Certainement pas. Gouvernements et parlements cantonaux doivent se mobiliser pour l’empêcher. Merci à M. de Weck de nous l’avoir si brillamment et passionnément rappelé.

Pierre-André Comte, SRT Jura