19.07.2021 - Médiatic

Les équipes de la RTS à l’épreuve des olympiades

©Tokyo 2020

Les équipes de la rts sont dans les starting-blocks pour couvrir l’événement sportif de l’année.

Du 23 juillet au 8 août, la planète vivra au rythme des Jeux Olympiques de Tokyo. En seize jours, RTS 2 diffusera 300 heures de programme olympique et les plateformes digitales de RTS Sport 1800 heures de compétition. Un défi pour les équipes de la RTS.

Jamais dans l’histoire de l’olympisme, les Jeux n’avaient été décalés pour des raisons sanitaires ou de pandémie. En revanche, ils ont été annulés trois fois à cause de conflits mondiaux, en 1940 notamment, alors qu’ils étaient prévus à… Tokyo. À 50 jours de l’événement, le Covid n’étant pas sous contrôle, des voix demandaient toujours la suppression de ces XXXIIe Jeux olympiques d’été. En vain. «Le sport olympique est aussi un business, avec des enjeux financiers, voire politiques. Une annulation se chiffrerait en milliards de perte, et pour le CIO, ce serait un immense revers qu’il ne peut, ne veut pas se permettre.» Pour illustrer les propos du chef des Sports de la RTS, Massimo Lorenzi, un chiffre, 13 milliards d’euros, le coût des Jeux, dont 2,3 dus au report et aux mesures sanitaires renforcées pour l’édition 2021. Ce sont les JO d’été les plus chers jamais organisés.

Délégation réduite

Le business est certes une réalité mais elle ne doit pas voiler ce qu’incarnent les JO pour les 11 000 athlètes, dont 110 Suisses, en lice à Tokyo. «Pour eux, l’enjeu est toujours là. Les JO sont la consécration d’années de travail et d’efforts, le rêve d’une vie pour beaucoup», positive Massimo Lorenzi. Comme toujours, les équipes de la RTS seront dans les starting-blocks pour assurer la couverture de ce raout planétaire. Une vingtaine de collaboratrices et collaborateurs romands, à savoir journalistes, technicien·nes, personnel de la logistique iront au Japon. C’est moins que prévu. Pourquoi?

Les raisons sont évidentes pour le chef de projet des JO à la RTS, Julien Baszanger: des conditions de travail très contraignantes, à savoir une quarantaine pendant les quinze premiers jours. «Nous pourrons nous déplacer de notre hôtel jusqu’aux sites de compétition et au centre des médias. Notre travail est assuré mais nous ne pourrons pas quitter ce périmètre. Dès lors, nous avons renoncé à faire venir des équipes de tournage de l’Actu et du Multimédia, censées filmer les à-côtés des Jeux à Tokyo.» Le traçage par GPS des déplacements des journalistes étrangers, interdits de transports publics, de visites des lieux touristiques, de restaurants, avait même été évoqué par le comité d’organisation. Il a fini par rétropédaler.

Un protocole sanitaire strict, consigné dans le Playbook, définit le comportement des athlètes comme des professionnels des médias. «Nous avons déjà été prévenus qu’entre les tests PCR à l’arrivée, l’attente des résultats, les formalités…, nous passerions une journée à l’aéroport. Nous n’aurons pas la vie facile», peste Julien Baszanger. Cependant, il en faut davantage pour décontenancer le chef de projet des JO à la RTS.

Nous le rencontrons dans son chalet du Val d’Anniviers, en plein télétravail. Le quinquagénaire affiche un calme olympien alors que la phase actuelle de son job (à J-40) pourrait stresser plus d’une personne: faire la programmation des disciplines diffusées sur RTS2. Les JO, ce sont 33 sports, 50 disciplines, 339 épreuves. Lesquelles choisir alors que nombre de compétitions se déroulent simultanément?

«Dès qu’il y a un ou une Suisse, la compétition est prioritaire», souligne Julien Baszanger. Il y a aussi des sports incontournables, comme l’athlétisme, le plus suivi, ou le triathlon et le tennis, très populaires. «J’épluche le calendrier des compétitions, minute par minute. A moi de proposer un programme varié et équilibré. On ne va pas rester 4 heures sur le même match de tennis. Seul Federer fait exception et prime au-dessus de tout! En quelque sorte, je fais le zapping pour le téléspectateur», résume-t-il. Le Genevois s’attelle à la programmation depuis les JO de Vancouver en 2010. « Ce travail, c’est un vrai Tetris», rigole-t-il, faisant allusion au jeu vidéo de puzzle.

Il répète qu’il n’est pas seul aux manettes et son planning est ensuite approuvé par sa rédaction en chef à Genève mais aussi à la SSR qui décide de la stratégie globale de l’offre sportive olympique. Celle-ci s’échafaude par étape. La toute première démarre deux à trois ans avant les JO, quand Julien Baszanger et ses homologues de la SRF et de la RSI évaluent les besoins de leurs unités d’entreprise (UE) en matière d’infrastructure technique. Sven Sarbach, responsable des événements sportifs à la SSR, prend la direction des opérations. Et puis, à l’extrémité de ce continuum, Tokyo, enfin. La collaboration entre les UE sera plus soutenue que jamais: «Nous allons nous rencontrer chaque jour, dit le représentant de la RTS, pour échanger nos sujets, coordonner nos équipes. Par exemple, un caméraman pourra filmer un événement pour les trois régions.»

Une fois les JO lancés, le programme est réadapté en permanence en fonction de l’évolution des compétitions. «Je fais de la gestion d’antenne au fur et à mesure», note Julien Baszanger. Celle-ci se passe à deux niveaux. Lui prépare, pour le lendemain, le script destiné aux équipes à Genève, tandis que son adjoint, Julien Develey, gère l’immédiat: «Un match de tennis se termine, sur quoi va-t-on ensuite partir ? Est-ce que tout le monde est prêt, à Tokyo, à Genève? Ça bouge en permanence.» Les compétitions débutent au Japon à 7h30, voire plus tôt, et se terminent à 23h30. «Les journées de 18 heures de travail sont courantes si j’inclus le trajet de retour vers l’hôtel», estime sans s’en plaindre Julien Baszanger.

Du sport à l’état brut

La chaîne RTS 2 diffuse 10 à 15 sports différents chaque jour. En complément, les plateformes digitales de RTS Sport (le site et les applications mobiles) proposeront 1800 heures de sport en direct. A l’état brut, sans commentaire, sur 6 lignes dédiées. C’est le même dispositif qu’aux JO de Rio en 2016. Laurent Gayout, rédacteur en chef adjoint, en charge du Multimédia pour RTS Sport en fait la programmation. Pas seul. «Avec mes collègues du digital de la SRF et de la RSI, nous sommes chacun responsable de deux lignes», explique le Romand. Le skateboard et le surf, deux des cinq nouveaux sports introduits aux JO de Tokyo, seront largement captés. «À Rio, les nouvelles disciplines avaient créé l’engouement des internautes», se souvient Laurent Gayout.

Les réseaux sociaux seront très actifs: «Sur Instagram, Facebook et Twitter, les contenus sont morcelés. On sélectionne le bon smash, le saut impressionnant. C’est l’effet teasing. Le but est de diriger les gens vers notre offre digitale plus globale», escompte le pro du multimédia.

Il promet également une série de capsules vidéo rigolotes sous forme de quiz, ou de brèves réactions d’anciennes gloires olympiques, trouvées dans les archives. Destinées à tous les supports, ces pastilles seront glissées çà et là, histoire d’amener une respiration au cœur de la mêlée olympique.

8h à Tokyo, 1h à Genève

Les mordus de sport, accros au direct, verront leur sommeil perturbé, compte tenu des 7 heures de décalage horaire. «Nous prendrons l’antenne entre 23h30 et 2h30 sur RTS2 selon l’intérêt du sport», reprend Julien Baszanger. A pareille heure, l’audience attendue n’est pas énorme. L’horaire des finales de natation, à partir de 3h30, désavantage les médias européens mais favorise les chaînes américaines. Il sera 10h30 dans les bassins nippons mais, à New York, 21h30, l’heure du prime time. La radio, dont les audiences sont fortes dans la tranche 6h-9h, est gagnante. Les commentateurs reviendront sur les temps forts de la nuit. « En effet, c’est bon pour le prime time radio, se réjouit Joël Robert, rédacteur en chef adjoint à RTS Sport. Nous aurons une présence continue dans La Matinale.» Et d’ajouter: «Comme dans tous les rendez-vous infos de La Première et dans Sport Première les samedis.»

La cérémonie d’ouverture, le 23 juillet à 13h (heure suisse), sera commentée par David Lemos et l’ex-correspondant de la RTS, Georges Baumgartner, retraité mais de retour aux affaires pour les JO. Ces festivités inaugureront-elles le fameux omotenashi, le sens de l’hospitalité à la japonaise, tant vanté dans le dossier de candidature de Tokyo?

Texte: par Marie-Françoise Macchi, paru dans le magazine médiatic 217 (Juillet 2021/Août 2021)