18.05.2011 -

Le service public suisse mérite un juste débat !

Si le débat sur le service public est légitime et normal, celui-ci doit se dérouler avec la transparence des chiffres...

Il est fréquent, en ce moment, d’entendre ou de lire toutes sortes de critiques sur la SSR, sur sa redevance ou la qualité de ses programmes (Cf. Pétition sur internet "200 francs c'est assez"). Si le débat sur le service public, son périmètre ou la pertinence des émissions proposées est parfaitement légitime et normal, trop d’affirmations approximatives, voire de contre-vérités polluent cette discussion. Raison pour laquelle il semble utile de revenir sur quelques chiffres clé, qui témoignent de l’engagement de tous les professionnels de l’audiovisuel public en Suisse, et de la place du service public dans notre pays.

Voir à ce sujet l'interview de Gilles Marchand à propos de la redevance
(Grand Angle du 11 septembre 2011)

Le prix de la redevance en Suisse : CHF 1.14 par jour !

La redevance en Suisse est de CHF 462.- par an, dont Fr 415.- pour la SSR (le reste va aux diffuseurs privés). Cela représente  CHF 1.14 par jour et par foyer pour 8 chaines TV et 18 chaînes radios en 4 langues ! A titre comparatif,  un abonnement au Matin + au Matin dimanche s’élève à CHF 568.-/ an ou CHF 1.56/ jour.

On dit que la redevance suisse est la plus chère d’Europe. Mais ce n’est pas tout à fait exact : en tenant compte du pouvoir d’achat de douze pays européens étudiés, la redevance SSR se situe à la 6e place, soit en milieu de tableau.

Parmi ces pays le Danemark, l’Islande, l’Autriche, la Norvège, la Finlande, l’Allemagne, la Suède, la Grande-Bretagne, l’Irlande, la France, l’Italie. De manière générale, les médias en Suisse sont chers en raison de la taille modeste de la population. Ainsi, par exemple, si un abonnement annuel à l’Hebdo se monte à environ CHF 215.-/an, un abonnement à l’Express, en France vaut l’équivalent de CHF 122.-
Par ailleurs on constate que la redevance a augmenté plus lentement en Suisse que dans la plupart des autres pays européens entre 2000 et 2010. Si elle a progressé en Suisse de 7%, l’augmentation a été beaucoup plus marquée dans d’autres pays :
+18% en Autriche, + 25% en Allemagne ou encore +31% en Grande-Bretagne.

La clé de répartition de moyens  entre les régions : l’indispensable solidarité pour la cohésion nationale

Si la SSR produisait des programmes en une seule langue au lieu des quatre de la réalité suisse, la redevance serait d’environ CHF 265.-. Les CHF 200.- qui font la différence permettent de proposer des programmes de qualité équivalente dans toutes les régions linguistiques. Ainsi, la redevance perçue en Suisse alémanique, région majoritaire en Suisse, permet de financer en partie les programmes des autres régions. Si chaque région devait financer seule les prestations actuelles, la redevance serait fixée à CHF 587.- en Suisse romande et à CHF 2’280 au Tessin. En comparaison européenne, avec un service public en une seule langue, la Suisse se situerait en fin de classement des pays européens.

Une concurrence impitoyable… et riche !

On le sait bien, la concurrence des chaînes de la SSR n’est pas incarnée par les diffuseurs privés locaux mais par les grandes chaînes françaises, allemandes et italiennes. Particulièrement en télévision. Là où TF1 par exemple rassemble 14% de parts de marché en Suisse romande, les TV locales pèsent entre 0,5 et 1% de parts de marché dans leurs zones de concession respectives.

Ainsi, pour ses 18 programmes de radio et 8 de télévision la SSR compte sur un budget de CHF 1,6 milliards. Ce qui équivaut au budget de la seule chaîne France 2, alors que le budget global de France Télévision et Radio s’élève à 4,9 milliards pour 7 programmes de radio et 5 de télévision. ARD de son côté, en Allemagne, bénéficie d’un budget de 9 milliards pour ses programmes de radio et TV, et la RAI dispose de 4 milliards pour 3 programmes de radio et 18 de télévision, en une seule langue toujours.

Audience et confiance du public  au rendez-vous pour la SSR

Malgré cela, les chaînes de la RTS sont toujours  appréciées par le public romand : 833’000 Romands écoutent chaque jour les programmes de la RSR, 921’000 suivent ceux de la TSR. 150’000 vidéos sont jouées chaque jour sur tsr.ch et on compte près de 1’080’000 visites mensuelles des plate-formes mobiles de la RTS.
Sur le plan national, 77% des Suisses font confiance à la radio, 76% à la télévision.

Le baromètre des préoccupations du Crédit Suisse place les deux médias en tête des institutions suisses, devant le Tribunal fédéral (72), la police (70), la presse payante (66) et le Conseil national (64).

Tous ces chiffres montrent à l’évidence que la SSR utilise au mieux les moyens dont elle dispose. C’est ainsi, par exemple, qu’en Suisse romande, outre l’information, les magazines et les achats de fiction, la RTS diffuse 500 documentaires par année, enregistre 500 concerts de musique et propose plus de 2000 heures de sports !

Autant d’éléments qui soulignent que la Suisse peut être fière de ses radios et télévisions publiques. Cela n’enlève rien au fait qu’un débat critique et permanent sur le mandat et la qualité des programmes est indispensable. Les professionnels de la RTS y sont parfaitement ouverts, pour autant toutefois que ce débat soit objectif et constructif.

Gilles Marchand
Directeur de la RTS