Bien sûr. Il y a 10 ans, le hasard a voulu que je sois précisément en train de préparer des sujets sur la montée du terrorisme d’Al Qaida. J’ai donc pris le parti de tout de suite placer cette tragédie dans ce cadre. Et puis, les aides spontanées ont afflué de toutes parts dans la rédaction qui s’est mobilisée de manière incroyable. Jamais aucun de nous n’avait vécu de tels événements, encore moins en direct. Je me souviens encore de la chute de la première tour. Il a fallu un moment pour que je comprenne - que j’accepte sans doute - ce que les images nous montraient.
Globalement, je dirais que l’échec de Ben Laden est cuisant : premièrement avec le Printemps Arabe. Pas un jeune dans les rues qui ne porte un t-shirt à son effigie. Cette révolution ne doit rien à Al Qaida, au contraire. Deuxièmement, le Monde n’a connu ni choc des civilisations, ni guerre de religions comme il le souhaitait ; enfin, il n’a eu le soutien d’aucun pays arabe, modéré ou pas. Ses seuls succès résident dans les problèmes de sécurité générés dans les transports aériens et d’avoir entraîné l’Occident en Afghanistan, dans une guerre qui n’en finit pas. D’une certaine manière également la mort de Saddam Hussein, son pire ennemi, par l’entremise de l’armée américaine !
Aujourd’hui, une page se tourne. Al Qaida n’est plus le souci premier des gens et des gouvernements, même si l’islamophobie peut partiellement expliquer les éléments troublants de la Norvège…
Dimanche 11 septembre, des cérémonies importantes sont prévues à Ground Zero. Georges Bush sera là aux côtés de Barack Obama. L’idée est de montrer que les Etats-Unis sont réellement unis et prennent leur revanche. D’ailleurs un building bientôt plus haut que ne l’étaient les Twin Towers s’élève au centre d’un gigantesque chantier. Pour notre part, nous allons proposer une journée d’analyses et de décryptage sur ces 10 années passées, un peu dans l’esprit de l’émission Geopolitis. Il y a 10 ans, nous avons retenu les téléspectateurs par l’émotion. Aujourd’hui, nous espérons que cela sera le cas par la réflexion.
Photo : Laurent Bleuze / Philippe Christin