09.09.2011 -

Le 11 septembre vu par Xavier Colin

11 septembre : des souvenirs et une page qui se tourne dimanche en direct sur la RTS
Dimanche 11 septembre, New York commémore les 10 ans des attentats qui l’ont frappée de plein fouet et ébranlé le Monde. Emissions spéciales, pages en direct dans les différents journaux de l’actualité tv et radio ou encore documentaires : un dispositif important est déployé à New York et aux quatre coins de la planète. Il y a 10 ans, Xavier Colin, chef de l’inter, commentait les événements en direct, de longues heures durant. Cette année, il animera une émission spéciale en direct de NY. Rencontre !
 
Xavier Colin, bien des Romands vous associent encore au 11 septembre. Et vous, avez-vous tourné la page ?
Je dois reconnaître que j’ai encore de la peine à digérer certaines choses. Je n’ai d’ailleurs jamais souhaité revoir les images de ces heures d’antenne. Plusieurs fois, pendant le direct, je me posais la question, ”Mais que suis-je en train de faire, là ? Des gens sautent des tours, je ne peux commenter à la manière d’un reportage sportif !”. Pour cette raison, j’ai plusieurs fois proposé que l’on s’arrête un moment, et qu’on se rende bien compte que, là, en direct, des gens sont en train de mourir… Aujourd’hui je ne souhaite qu’une chose : ne pas avoir à reproduire cet exercice. Aux yeux des téléspectateurs, cela ressemblerait à une forme de spectacle que nous leur proposerions.
Et pourtant, pas d’autre choix pour la rédaction de l’Actualité que de prendre l’antenne en direct…
Bien sûr. Il y a 10 ans, le hasard a voulu que je sois précisément en train de préparer des sujets sur la montée du terrorisme d’Al Qaida. J’ai donc pris le parti de tout de suite placer cette tragédie dans ce cadre. Et puis, les aides spontanées ont afflué de toutes parts dans la rédaction qui s’est mobilisée de manière incroyable. Jamais aucun de nous n’avait vécu de tels événements, encore moins en direct. Je me souviens encore de la chute de la première tour. Il a fallu un moment pour que je comprenne - que j’accepte sans doute - ce que les images nous montraient.
10 ans plus tard, quel serait votre analyse des conséquences du 11 septembre, si tant est qu’un bilan soit possible ?
Globalement, je dirais que l’échec de Ben Laden est cuisant : premièrement avec le Printemps Arabe. Pas un jeune dans les rues qui ne porte un t-shirt à son effigie. Cette révolution ne doit rien à Al Qaida, au contraire. Deuxièmement, le Monde n’a connu ni choc des civilisations, ni guerre de religions comme il le souhaitait ; enfin, il n’a eu le soutien d’aucun pays arabe, modéré ou pas. Ses seuls succès résident dans les problèmes de sécurité générés dans les transports aériens et d’avoir entraîné l’Occident en Afghanistan, dans une guerre qui n’en finit pas. D’une certaine manière également la mort de Saddam Hussein, son pire ennemi, par l’entremise de l’armée américaine !
Aujourd’hui, une page se tourne. Al Qaida n’est plus le souci premier des gens et des gouvernements, même si l’islamophobie peut partiellement expliquer les éléments troublants de la Norvège…
Dès lors, pourquoi déployer tant de moyens autour de la commémoration ce 11 septembre à New York ?
Dimanche 11 septembre, des cérémonies importantes sont prévues à Ground Zero. Georges Bush sera là aux côtés de Barack Obama. L’idée est de montrer que les Etats-Unis sont réellement unis et prennent leur revanche. D’ailleurs un building bientôt plus haut que ne l’étaient les Twin Towers s’élève au centre d’un gigantesque chantier. Pour notre part, nous allons proposer une journée d’analyses et de décryptage sur ces 10 années passées, un peu dans l’esprit de l’émission Geopolitis. Il y a 10 ans, nous avons retenu les téléspectateurs par l’émotion. Aujourd’hui, nous espérons que cela sera le cas par la réflexion.
 
 
Texte : Nicolas Bastard
Photo : Laurent Bleuze / Philippe Christin